Qu'est-ce que la réforme des heures creuses de 2025 ?
Le système heures pleines et heures creuses existe en France depuis les années 1970-80. À l’époque, il avait été conçu pour optimiser l’utilisation du parc nucléaire français. Comme ce dernier fonctionne en continu, sa production ne peut pas facilement être modulée. L’objectif était alors d’inciter les consommateurs à utiliser l’électricité pendant les périodes de faible demande, notamment pendant la nuit. Pour cela, un tarif réduit était proposé sur 8 heures quotidiennes.
Aujourd’hui, ce dispositif est en pleine mutation. La CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) a acté une réforme structurelle. Elle entre en vigueur le 1er novembre 2025 avec un déploiement progressif jusqu’en octobre 2027. Cette transformation s’inscrit dans le cadre du TURPE 7 qui désigne le nouveau tarif d’utilisation des réseaux publics de transport d’électricité. Ce dernier régit les tarifs d’acheminement de l’électricité sur le territoire français.
Quel est l'objectif de cette réforme ?
L’objectif principal de cette réforme est donc d’adapter le système tarifaire au nouveau mix énergétique français, c’est-à-dire les différentes sources d’énergies primaires. Avec le développement massif des énergies renouvelables, notamment le photovoltaïque, la production d’électricité connaît désormais des pics en milieu de journée et plus seulement la nuit. La réforme vise donc à mieux synchroniser la consommation avec la production réelle d’électricité, tout en tenant compte des nouveaux usages comme le télétravail.
Ce déploiement va s’effectuer en deux phases distinctes :
- Une première phase de novembre 2025 à juin 2026 qui va concerner environ 1,7 million de clients.
- Une seconde phase de décembre 2026 à octobre 2027 qui touchera les 9,3 millions de clients restants.
Les consommateurs concernés sont informés par leur fournisseur d’électricité au minimum un mois avant le basculement vers les nouveaux horaires.
Les nouvelles heures creuses en novembre 2025
Le principe de saisonnalité d’une heure creuse en 2025
La principale innovation de cette réforme réside dans l’introduction d’un système saisonnier. Contrairement à l’ancien dispositif où les heures creuses étaient fixes toute l’année, le nouveau système s’adapte aux variations de production et de consommation d’électricité selon les saisons.
Le volume total d’heures creuses reste identique : 8 heures par jour, soit 56 heures par semaine. Cependant, leur répartition évolue considérablement en fonction de la période de l’année.
La période hivernale, du 1er novembre au 31 mars
Les heures creuses restent principalement nocturnes. Cette configuration répond aux besoins en chauffage et à une production solaire limitée durant cette saison. Le dispositif garantit un minimum de 5 heures consécutives pendant la nuit, généralement entre 22h et 7h du matin, selon les zones géographiques. Les heures creuses restantes peuvent être positionnées en début de matinée ou en fin de soirée.
La période estivale, du 1er avril au 31 octobre
C’est à cette période que le changement sera le plus significatif. Les heures creuses sont réparties différemment : 5 heures minimum sont maintenues la nuit, typiquement entre 23h et 7h, mais 2 à 3 heures supplémentaires seront désormais positionnées en milieu de journée. Elles se situeront entre 11h et 17h. Cette plage horaire correspond au pic de production photovoltaïque, lorsque l’électricité est la plus abondante et parfois excédentaire sur le réseau.
Om te onthouden: L’élément majeur de cette réforme est la disparition totale des heures creuses entre 7h et 11h le matin, ainsi qu’entre 17h et 23h le soir. Ces plages horaires, qui correspondaient auparavant à des heures creuses pour certains foyers, deviennent systématiquement des heures pleines dans le nouveau système.
Il faut également noter que les horaires précis varient selon les territoires. C’est le gestionnaire du réseau de distribution Enedis qui définit des plages horaires adaptées aux spécificités locales de consommation et de production. La définition de ces plages est pensée dans le respect du cadre général fixé par la CRE.
Qui est concerné par la réforme ?
Sur les 14,5 millions de clients français ayant souscrit à l’option heures pleines/heures creuses, environ 11 millions sont directement concernés par cette réforme. Le critère principal d’éligibilité est technique : seuls les foyers et entreprises équipés d’un compteur Linky peuvent bénéficier du nouveau système. Ces compteurs communicants permettent d’appliquer des plages horaires variables et de les modifier à distance sans intervention physique.
Les clients non équipés de compteurs Linky conservent temporairement leur ancien système d’heures creuses. Ils seront progressivement basculés vers le nouveau dispositif au fur et à mesure du remplacement de leurs compteurs.
Chaque client concerné reçoit une notification de son fournisseur d’électricité au moins un mois avant le changement effectif de ses plages horaires. Cette notification précise les nouveaux créneaux d’heures creuses applicables. Ces créneaux peuvent aussi être consultés dans l’espace client en ligne du fournisseur.
Pour les entreprises avec des flottes de véhicules électriques, il est crucial d’identifier rapidement si les sites sont concernés par la réforme et à quelle date précise le basculement interviendra. Cette anticipation permettra d’ajuster les stratégies de recharge et d’éviter des surcoûts imprévus.
Pourquoi une réforme des heures creuses ?
La réforme des heures creuses découle d’une transformation profonde du système électrique français. Pendant des décennies, le parc nucléaire a constitué l’épine dorsale de la production électrique nationale. La production était stable et continue, donc, difficilement modulable. Les heures creuses nocturnes permettaient d’absorber cette production excédentaire pendant les périodes de faible consommation.
Aujourd’hui, le mix énergétique français évolue radicalement. Le développement massif du photovoltaïque transforme les courbes de production électrique. Les panneaux solaires génèrent une production maximale en milieu de journée, particulièrement durant les mois d’été. Cette électricité solaire est abondante, renouvelable et disponible à des coûts très compétitifs.
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Le réseau électrique fait donc face à un nouveau défi. Lors d’une l’après-midi ensoleillé, la production dépasse régulièrement la consommation. Sur les marchés de l’électricité, cela se traduit parfois par des prix négatifs, où les producteurs doivent payer pour écouler leur surplus. À l’inverse, les pics de consommation se situent désormais en soirée, entre 18h et 21h, lorsque les panneaux solaires ne produisent plus mais que la demande reste élevée.
Une réforme qui s'adapte aux nouveaux usages
Les nouveaux usages énergétiques ont accentué cette évolution. Le télétravail, accéléré depuis 2020, modifie les profils de consommation avec une présence accrue au domicile en journée. L’électrification croissante des flottes automobiles ajoute une charge importante au réseau, avec des véhicules traditionnellement rechargés la nuit. Ces nouveaux comportements nécessitent une adaptation des mécanismes tarifaires pour éviter les congestions sur le réseau.
L’objectif de la réforme est donc double. Dans un premier temps, elle veut inciter les consommateurs à utiliser l’électricité lorsqu’elle est abondante et renouvelable. Ensuite, elle cherche à réduire la pression sur le réseau pendant les périodes de tension (notamment les soirées hivernales).
Pour les gestionnaires de flottes électriques, cette réforme invite à repenser les stratégies de recharge. Ces nouvelles opportunités peuvent être pertinentes pour les véhicules stationnés sur site en journée.
Conséquences pour recharger votre voiture électrique
Un temps réduit sur la recharge nocturne
La première conséquence directe de la réforme concerne la recharge nocturne. Or, cette stratégie est privilégiée par la majorité des entreprises disposant de flottes électriques. La réduction des heures creuses nocturnes pose donc un défi opérationnel majeur.
Concrètement, une recharge complète sur une borne professionnelle de 7,4 kW nécessite généralement entre 7 et 10 heures pour un véhicule électrique standard disposant d’une batterij de 50 à 60 kWh. Avec seulement 5 à 6 heures d’heures creuses disponibles la nuit, les gestionnaires de flottes font face à deux options : accepter une recharge incomplète ou voir une partie de la recharge déborder sur les heures pleines.
L’impact financier peut être significatif. Selon les simulations réalisées par plusieurs observateurs du secteur, le surcoût lié au débordement sur heures pleines peut représenter une augmentation de 8% à 14% de la facture énergétique dédiée à la recharge. Pour une entreprise gérant une dizaine de véhicules électriques avec des recharges quotidiennes, cela peut se traduire par un surcoût annuel bien plus conséquent.
Cette réforme impose donc une révision des pratiques. Les véhicules devront être branchés plus tôt, les bornes de recharge devront potentiellement être plus puissantes et il faudra sûrement réfléchir à intégrer des compléments de recharge en journée.
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Opportunités avec les heures creuses en journée
Si la réforme contraint la recharge nocturne, elle ouvre paradoxalement des opportunités inédites pour les entreprises. L’introduction de 2 à 3 heures creuses en milieu de journée, notamment entre 11h et 17h pendant la période estivale, transforme les possibilités de recharge pour les flottes d’entreprise. Les véhicules de fonction des collaborateurs présents sur site pourront désormais être rechargés à tarif réduit pendant la journée de travail. Par ailleurs, cela évite la saturation nocturne des bornes de recharge.
Pour les entreprises ayant investi dans des installations photovoltaïques, la synchronisation est parfaite. La production solaire de midi peut alimenter directement les bornes de recharge, permettant une double économie : un tarif en heures creuses du réseau et une autoconsommation de la production locale. La combinaison des deux peut donc réduire le coût énergétique de la recharge tout en améliorant le bilan carbone de la flotte.
Cette évolution profite également aux collaborateurs en télétravail qui disposent d’une borne de recharge à domicile. Plutôt que de systématiquement recharger la nuit, ils peuvent brancher leur véhicule électrique pendant leurs heures de travail à domicile pour bénéficier du tarif réduit. Cette flexibilité s’inscrit parfaitement dans les nouvelles organisations hybrides où les véhicules de fonction alternent présence au bureau et télétravail.
Pour optimiser cette opportunité, les entreprises doivent néanmoins adapter leur organisation. Il devient essentiel de disposer d’un nombre suffisant de bornes de recharge sur site pour permettre aux véhicules de se brancher en journée.
Technologies de recharge bidirectionnelle (V2G)
La réforme des heures creuses confère une pertinence nouvelle aux technologies de recharge bidirectionnelle, connues sous l’acronyme V2G (Vehicle-to-Grid). Ce système permet à un véhicule électrique de consommer de l’électricité depuis le réseau mais également de la restituer lorsque c’est nécessaire. Nous en parlons plus en détail dans notre article sur le V2G, le V2L et le V2X.
Le V2G reste encore peu répandu en France, principalement pour des raisons réglementaires et techniques. Tous les véhicules électriques ne sont pas équipés de cette capacité bidirectionnelle et les bornes de recharge compatibles peuvent être onéreuses. Cependant, les évolutions réglementaires récentes et l’intérêt croissant des constructeurs laissent présager un développement rapide de cette technologie dans les années à venir.
Bornes de recharge : adapter son infrastructure d'entreprise
Optimiser vos bornes de recharge en entreprise
Face à la réduction du temps disponible en heures creuses nocturnes, la puissance des bornes de recharge devient un paramètre valable pour les flottes d’entreprise. Le choix entre une borne de 3,7kW, 7,4 kW, 11 kW ou 22 kW n’est plus seulement une question de confort mais bien un levier stratégique d’optimisation tarifaire.
Au-delà de la puissance, la programmation intelligente des recharges constitue un levier d’optimisation essentiel. Les bornes de recharge modernes intègrent des fonctionnalités de planification permettant de définir précisément les créneaux de recharge. Un véhicule branché à 20h peut ainsi être programmé pour ne démarrer sa recharge qu’à 23h, au début des heures creuses.
Certaines bornes proposent également des systèmes de gestion dynamique de la puissance, répartissant intelligemment l’énergie disponible entre plusieurs véhicules branchés simultanément. Cette fonctionnalité évite la surcharge du réseau électrique du bâtiment tout en optimisant le temps de recharge de chaque véhicule pendant les plages horaires avantageuses.
Solutions de pilotage et domotique
L’optimisation de la recharge dans le contexte de la réforme des heures creuses 2025 passe nécessairement par l’adoption de solutions de pilotage intelligentes.
Ces systèmes connectés transforment la gestion de la recharge d’une tâche manuelle fastidieuse en un processus automatisé et optimisé. Les systèmes de pilotage modernes se connectent directement aux compteurs Linky via les protocoles de communication standardisés. Cette connexion permet aux bornes de recharge de connaître en temps réel les plages d’heures creuses applicables.
Par ailleurs, les applications de suivi en temps réel offrent aux gestionnaires de flotte une visibilité complète sur l’état de recharge de leurs véhicules. Depuis un smartphone ou un ordinateur, il devient possible de consulter le niveau de charge de chaque véhicule, le coût énergétique engagé, les créneaux de recharge programmés et les économies réalisées grâce à l’optimisation tarifaire.
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Couplage avec l'autoconsommation solaire
En positionnant des plages tarifaires avantageuses en milieu de journée entre 11h et 17h, la réforme des heures creuses de 2025 crée une convergence parfaite avec les installations photovoltaïques d’entreprise. Cette synchronisation entre production solaire et heures creuses ouvre des perspectives d’optimisation énergétique et économique particulièrement intéressantes pour les flottes électriques.
De plus, le couplage entre recharge électrique et production solaire renforce considérablement le bilan carbone de la flotte. Les véhicules sont alimentés par une électricité 100% renouvelable et produite localement. Cela démultiplie les bénéfices environnementaux de l’électrification. Pour les entreprises engagées dans des démarches RSE ambitieuses, cette configuration représente un argument de communication fort et vérifiable.
Conclusie
La réforme des heures creuses en 2025 marque un tournant dans la gestion énergétique des flottes électriques d’entreprise. Si la réduction du temps de recharge nocturne à tarif réduit impose des ajustements, cette évolution ouvre simultanément des opportunités stratégiques pour les organisations qui sauront s’adapter. L’introduction d’heures creuses en milieu de journée crée une convergence inédite sur les besoins de recharge des véhicules professionnels.
L’électrification des flottes demeure une décision stratégiquement pertinente malgré cette refonte tarifaire. Les économies de carburant, la réduction des coûts de maintenance et les bénéfices environnementaux surpassent largement les ajustements nécessaires pour optimiser la recharge selon les nouvelles heures creuses. La clé réside dans l’anticipation et l’adaptation des infrastructures.
Pour les gestionnaires de flotte, le moment est venu d’auditer leurs installations de recharge avec des spécialistes de l’électrification. La transition énergétique s’accélère et les entreprises qui l’anticipent transformeront cette réforme en avantage compétitif.
