La Chine, moteur de la transition électrique mondiale
Derrière la croissance fulgurante du marché chinois des véhicules électriques (VE) se cache une stratégie d’État : investir massivement, industrialiser vite, et créer un écosystème complet allant de la batterij à la gestion de flotte.
Des chiffres record : une vente sur deux électrifiée
D’après les données officielles de la China Association of Automobile Manufacturers (CAAM), les véhicules dits « New Energy Vehicles » (NEV : électriques à batterie, hybrides rechargeables et hydrogène) ont représenté 49,5 % des ventes totales de voitures neuves en Chine en septembre 2025, soit plus de 1,6 million d’unités.
Sur les neuf premiers mois de l’année, le pays a immatriculé plus de 11,8 millions de NEV, soit une progression de 32 % par rapport à 2024.
L’Agence internationale de l’énergie (IEA) confirme cette tendance : la Chine concentre à elle seule près de 60 % des ventes mondiales de véhicules électriques au premier semestre 2025.
Concrètement, cela signifie qu’un véhicule électrifié sur deux vendu dans le monde circule désormais sur les routes chinoises.
Pour les flottes, cet effet d’échelle est déterminant : plus le marché croît, plus les coûts de production baissent, les offres se diversifient et les solutions de gestion se perfectionnent.
Des politiques publiques incitatives et une stratégie industrielle cohérente
Cette montée en puissance est le fruit d’un alignement exemplaire entre politique publique et stratégie industrielle.
Depuis 2010, Pékin a structuré un cadre solide :
- subventions directes à l’achat ;
- quotas d’émissions obligatoires pour les constructeurs ;
- investissements massifs dans les bornes de recharge (plus de 9 millions installées à fin 2024, selon le China Electric Vehicle Charging Infrastructure Promotion Alliance) ;
- et surtout, soutien à la production locale de batteries : CATL, BYD ou CALB dominent désormais le marché mondial.
Resultaten de part de marché des véhicules 100 % électriques (BEV) a dépassé 34 % des ventes de voitures neuves en Chine en 2025, selon Reuters, contre moins de 10 % en Europe. Là où d’autres pays peinent à coordonner subventions, infrastructures et production, la Chine a réussi à bâtir une chaîne de valeur intégrée, du lithium à la flotte connectée.
Quand la Chine devient laboratoire d’innovation pour les flottes
Au-delà des volumes, la Chine agit comme un laboratoire d’innovation à ciel ouvert.
Des villes comme Shenzhen, Guangzhou ou Shanghai testent à grande échelle des flottes 100 % électriques : taxis, utilitaires, bus, poids lourds.
Selon Car News China, plus de 90 % des bus urbains chinois sont désormais électriques, et le pays déploie des milliers de camions électriques longue distance équipés de batteries à changement rapide.
Ces expérimentations grandeur nature accélèrent l’apprentissage collectif :
- maîtrise de la recharge rapide,
- optimisation du TCO,
- maintenance prédictive,
- intégration des flottes dans les réseaux énergétiques intelligents.
Les gestionnaires de flotte du monde entier bénéficient indirectement de cette courbe d’expérience. Ce qui est testé aujourd’hui à Shenzhen pourrait être déployé demain à Paris, Berlin ou Madrid.
Les enseignements pour les gestionnaires de flotte en Europe
Loin d’être une exception, la Chine représente une préfiguration de ce qui attend l’Europe. Pour les entreprises, observer ce marché permet d’anticiper : Quelles technologies domineront ? Quels modèles économiques seront viables ? Comment repenser la gestion énergétique de son parc ?
Comment la dynamique chinoise influence les standards mondiaux
La première leçon tient dans l’effet de norme : quand un pays du poids de la Chine passe la barre des 50 % d’électrification, il redéfinit les standards industriels mondiaux.
Les constructeurs internationaux doivent suivre le rythme : plateformes électriques, logiciels embarqués, sécurité batterie, tout s’uniformise.
Pour les gestionnaires de flotte européens, cela signifie que les standards de performance et de coût se caleront sur le niveau asiatique.
Autre conséquence : les prix des batteries chutent. D’après Bloomberg NEF, le coût moyen des cellules lithium-ion produites en Chine est tombé à 89 $ / kWh en 2025, contre 135 $ / kWh en 2023. Cette baisse se répercute directement sur le coût total de possession (TCO) des véhicules.
Vers une convergence des offres et des technologies
Les technologies développées et produites à grande échelle en Chine (batteries LFP, plateformes modulaires, recharge bidirectionnelle V2G) se diffusent rapidement en Europe.
De nombreux constructeurs occidentaux s’approvisionnent désormais en cellules chinoises ; certains (comme Tesla, BMW ou Renault) assemblent leurs modèles sur des bases technologiques conçues en Chine.
Cette convergence accélère la démocratisation de l’électrique pour les flottes : plus d’autonomie, plus de disponibilité, plus de modèles adaptés aux usages professionnels (SUV, VUL, fourgons, camions légers).
Des implications concrètes pour les stratégies de transition énergétique des entreprises
Pour les entreprises européennes, les conséquences sont très pratiques :
- Réévaluer les plans de renouvellement : l’électrique devient compétitif dès le premier cycle de remplacement ;
- Investir dans les bornes intelligentes et la gestion énergétique du site ;
- Former les équipes à la conduite et à la maintenance des VE ;
- Anticiper les réglementations ZFE, qui rendront bientôt le thermique difficilement exploitable en centre-ville.
En somme, la Chine donne la cadence : la question pour l’Europe n’est plus si la flotte doit passer à l’électrique, mais à quelle vitesse.
Ce que change l’essor chinois pour les flottes d’entreprise
L’impact du modèle chinois dépasse la théorie : il transforme concrètement la structure des coûts, les habitudes d’exploitation et la gestion opérationnelle des flottes.
Une offre élargie et des coûts de possession en baisse
L’explosion du marché intérieur a permis de multiplier les modèles adaptés aux besoins professionnels : SUV, vans, fourgons, véhicules utilitaires légers, bus et poids lourds.
La production locale à grande échelle, soutenue par des champions comme BYD, SAIC, Geely ou Dongfeng, a réduit les coûts unitaires.
Selon l’IEA, les véhicules produits en Chine coûtent 25 à 35 % moins cher que leurs équivalents occidentaux à performances égales.
Pour une flotte, cela change tout :
- le coût d’acquisition baisse ;
- la maintenance est simplifiée (moins de pièces, diagnostics à distance) ;
- le TCO devient plus favorable.
Plus d’autonomie, plus de disponibilité : un nouveau paradigme opérationnel
Les innovations issues du marché chinois améliorent considérablement l’usage quotidien :
- batteries LFP et sodium-ion, plus stables ;
- recharge ultra-rapide (10 à 80 % en 15 minutes) ;
- systèmes de changement de batterie automatisés (BATTERY SWAP) pour les flottes intensives ;
- plateformes logicielles capables d’optimiser les itinéraires selon la charge et le réseau électrique.
Les expérimentations menées sur les flottes logistiques chinoises montrent une réduction moyenne de 20 % du coût opérationnel par rapport au diesel.
Ce nouveau paradigme opérationnel transforme la planification des trajets, la gestion de l’énergie et même la politique RH des entreprises.
Impact direct sur le TCO et les plans de renouvellement de flotte
Le TCO (Total Cost of Ownership) est le pivot des décisions de flotte.
Les chiffres convergent : avec la baisse du prix des batteries et le coût moindre de l’électricité en Chine (environ 0,09 €/kWh), le TCO d’un véhicule électrique professionnel est désormais inférieur de 10 à 25 % à celui d’un thermisch voertuig.
Pour les gestionnaires de flotte européens, cela annonce un basculement imminent :
dès que les prix des batteries locales ou importées suivront cette tendance, le seuil de rentabilité basculera définitivement vers l’électrique.
L’Europe face à la montée en puissance chinoise
Cette domination industrielle suscite à la fois admiration et inquiétude. L’Europe doit composer avec un concurrent redoutable, tout en transformant cette pression en levier de compétitivité et d’innovation.
L’électrification comme levier de compétitivité pour les flottes européennes
Pour les flottes européennes, la riposte passe par la performance : optimiser les coûts, renforcer la durabilité, valoriser l’image bas-carbone.
Les gestionnaires qui électrifient rapidement leurs parcs bénéficient déjà :
- d’exonérations fiscales ou de bonus ;
- de coûts d’usage plus faibles ;
- et d’une meilleure image employeur et client.
En s’appuyant sur l’expérience chinoise, l’Europe peut accélérer sa transition en évitant les erreurs : infrastructure trop lente, manque de standardisation, planification insuffisante.
Collaboration, innovation, souveraineté : trouver le bon équilibre
Toutefois, cette transition doit préserver la souveraineté industrielle européenne.
La dépendance aux composants chinois (batteries, cathodes, terres rares) reste un enjeu majeur.
- L’Union européenne mise donc sur des initiatives comme :
- l’Alliance européenne des batteries ;
- le développement de gigafactories locales (Northvolt, ACC, Verkor) ;
- et des programmes de recherche sur le recyclage et la seconde vie des batteries.
Pour les flottes, cela se traduit par un choix plus large de modèles « Made in Europe », un accès facilité à la maintenance et une traçabilité renforcée sur l’koolstofvoetafdruk voertuigen.
Perspectives pour les flottes mondiales
L’expérience chinoise ne se limite pas à un marché national. Elle redessine les équilibres globaux de la mobilité électrique professionnelle : offre, données, logiciels, gestion énergétique.
Vers un marché global de la mobilité électrique professionnelle
Les exportations chinoises explosent : plus de 6 millions de véhicules électriques exportés en 2025 selon Reuters, dont une part croissante destinée aux flottes B2B.
Cette internationalisation crée une standardisation des composants et des technologies, facilitant la maintenance et l’intégration des flottes multinationales.
Les grands gestionnaires internationaux (LeasePlan, ALD Automotive, Sixt, Geotab) intègrent désormais dans leurs catalogues des modèles chinois compétitifs.
Pour les entreprises opérant sur plusieurs continents, cela permet d’harmoniser les politiques de flotte : mêmes véhicules, mêmes logiciels, mêmes indicateurs de performance énergétique.
Le rôle de la donnée et des logiciels de gestion dans l’efficacité énergétique
Dans un monde de flottes électrifiées, la donnée devient l’énergie invisible qui alimente la performance.
La Chine, pionnière de la connectivité embarquée, a mis en place des systèmes nationaux de suivi en temps réel des NEV : recharge, autonomie, géolocalisation, température batterie, usage des bornes.
Ces outils inspirent les gestionnaires européens, qui adoptent à leur tour des plateformes intégrées : suivi énergétique, planification intelligente, maintenance prédictive, analyse carbone.
À terme, la réussite d’une flotte électrique reposera sur un triptyque indissociable : véhicule + énergie + donnée.
Conclusion – La Chine, catalyseur mondial de l’électrification des flottes
Le marché chinois agit aujourd’hui comme l’accélérateur le plus puissant de la transition mondiale vers la mobilité décarbonée.
Par ses volumes, sa politique publique et son écosystème industriel, il a fait de l’électrique une norme économique autant qu’environnementale.
Pour les gestionnaires de flotte européens, l’enjeu est clair :
- comprendre les mécanismes de compétitivité chinoise,
- anticiper la baisse des coûts,
- investir dans la donnée et les infrastructures,
- et adapter leur stratégie de renouvellement pour rester performants.
L’électrification des flottes n’est plus un pari sur l’avenir : c’est une réalité économique et opérationnelle.
Et si la Chine a pris de l’avance, c’est à présent à l’Europe de transformer cette pression en opportunité pour bâtir à son tour un modèle durable, souverain et efficace.
Om te onthouden:
- 1 voiture sur 2 vendue en Chine est désormais électrifiée.
- Plus de 60 % des ventes mondiales de VE se font en Chine.
- Le coût des batteries a chuté sous les 90 $/kWh.
- Le TCO d’un véhicule électrique devient inférieur de 10-25 % à celui du thermique.
- La donnée et la gestion énergétique deviennent les nouveaux leviers de performance des flottes.